Se former Influenceuse du végétal
Ophélie Damblé partage auprès de ses nombreux abonnés sur les réseaux sociaux ses aventures, galères et coups de cœur autour de son métier : l’agriculture urbaine.
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« Quand je dis aux pépiniéristes de quelle surface je dispose, ça les fait rire », sourit Ophélie Damblé. Cette agricultrice urbaine est installée à la Cité fertile, à Pantin (93), en banlieue parisienne, depuis fin 2020. Elle a à sa disposition 22 m² de serre et entre 100 et 150 m² de terrain en hors-sol. Sa production de jeunes plants comestibles (légumes, plantes aromatiques, fleurs comestibles…) est vendue en direct à des citadins possédant des balcons ou des terrasses. Mais, comme souvent en agriculture urbaine, son modèle économique ne repose pas entièrement sur la production.
Une présence remarquée sur les réseaux sociaux
Ancienne communicante, elle a travaillé dans le milieu culturel, la musique ou encore l’illustration avant de se reconvertir en 2017. Les premières années, elle enchaîne du wwoofing*, des formations – sur les plantes médicinales à la chambre d’agriculture d’Ariège, par exemple –, et des travaux d’ouvrière agricole dans des entreprises et associations spécialisées en agriculture urbaine : hydroponie, culture en bacs… En parallèle, elle lance dès les premiers mois une chaîne YouTube. « Au départ, je n’avais pas vraiment d’objectif, c’était plus pour filmer mes découvertes et pour que mes proches puissent suivre mes aventures, se souvient Ophélie. Puis je me suis prise au jeu, et j’ai fini par m’adresser à plus de monde que prévu. »
Sa chaîne, qui portait au départ son nom, est rebaptisée Ta Mère Nature. Elle enregistre pas loin de 90 000 abonnés. « Je me suis rendu compte qu’il y avait un gros travail de communication à faire pour valoriser le métier, mais aussi raconter ses difficultés et sortir du romantisme. Il y a souvent des incompréhensions entre les citadins et les producteurs. L’agriculture urbaine peut servir de passerelle. »
En plus de ses vidéos, elle publie des livres, pour des publics variés : une BD sur le mouvement Guerilla Green (qui végétalise les zones urbaines), un manuel pratique, une fiction pour enfants**. Un nouveau livre doit d’ailleurs sortir au mois d’avril, consacré aux « plantes dont tout le monde se fout », une série qu’elle a lancée sur son profil Instagram (170 000 abonnés) qui a rencontré beaucoup de succès. Ses réseaux sociaux ont d’ailleurs connu une progression fulgurante en un an dans le nombre d’aficionados. Des formats courts et des séries avec des angles humoristiques ont bien fonctionné. Désormais, en ajoutant les droits d’auteur de ses livres, sa présence sur les réseaux sociaux représente la moitié de ses revenus. Elle complète avec des ateliers pédagogiques en milieu scolaire ou en médiathèque. « Ma pépinière est un support, un outil pédagogique qui permet de créer du lien. Ce n’est pas une vraie production », estime l’agricultrice urbaine.
Des terrains rares en ville
Un support qui va devoir se renouveler. Une des problématiques en ville est que les baux sont temporaires. La Cité fertile existait depuis environ deux ans quand elle s’y est installée en 2020. Ce tiers lieu situé dans une ancienne friche industrielle de la SNCF est géré par Sinny & Ooko, une entreprise qui a aussi créé la Recyclerie ou la Machine du Moulin Rouge, à Paris. On y trouve toutes sortes d’activités : des hangars utilisés aussi bien pour faire du roller que pour des marchés, des restaurants, un apiculteur, un brasseur de bière, les bureaux de différentes associations… Les responsables souhaitaient une serre, de belle taille. Ophélie Damblé a alors proposé un projet clés en main, qui a été accepté. Mais les terrains de la Cité fertile, couvrant 1 ha au total, vont être récupérés par la mairie pour y construire un nouveau quartier. « Il y a eu une reconduction du bail jusqu’à la fin des jeux Olympiques, certainement car c’est un lieu attractif qui permet de recevoir du monde », estime Ophélie, qui se prépare à déménager vers la fin 2024. Elle souhaiterait trouver un endroit qui accueille du public. Mais souvent, les projets en ville sont éphémères et ne laissent pas le temps de construire des projets et des partenariats.
*De Wwoof (World-Wide Opportunities on Organic Farms) : travailler bénévolement dans une ferme bio en échange du gîte et du couvert.
**Guerilla Green, avec Cookie Kalkair, chez Steinkis éditions (2019) ; Manifeste pratique de la végétalisation urbaine, aux éditions Solar (2020) ; Opération bye-bye béton, aux éditions La Ville brûle (2022). Découvrir sa page internet : www.tamerenature.com et sa chaîne YouTube
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